Pas de Jeux à Paris pour Elvina Vidot

Portrait. Alors que certaines sont en pleine préparation pour les Jeux de Paris et que d’autres rêvent aux prochaines paralympiades, Elvina Vidot doit ranger son frein. La raison ? Le showdown, la discipline qu’elle pratique n’est pas n’est pas encore considéré comme une épreuve paralympique. Un crève-coeur pour la jeune femme de 30 ans. Pas une fin en soi car elle en a déjà vu d’autres. Atteinte d’un glaucome, une maladie dégénérative du nerf optique, dès l’âge de 10 ans, Elvina Vidot a basculé quelques années plus tard dans l’obscurité la plus totale. Le moment idéal pour décider de quitter sa terre natale, La Réunion, pour rejoindre l’Institut national des jeunes aveugles (INJA) à Paris. Une fois arrivée en France, elle pourra pratiquer une activité physique en adéquation avec son handicap tout en poursuivant ses études en droit. Après s’être essayé à l’escalade, au tir à l’arc et à la natation, Elvina va finalement briller sur les pistes d’athlétisme. Aujourd’hui, elle a bifurqué de sport mais s’impose déjà comme l’une des meilleures joueuses mondiales en showdown. Désormais, il ne reste plus qu’à intégrer cette discipline au programme des Jeux Paralympiques afin qu’Elvina Vidot puisse enfin vivre son rêve de toucher du bout des oigts cette médaille d’or…


Le combat de toute une vie pour Elvina Vidot(Crédit photo : Facebook d’Elvina Vidot))

Voir, un verbe devenu progressivement obsolète ! Née à la Réunion , le 15 novembre 1993, avec une vision totalement fonctionnelle, Elvina Vidot perd peu à peu la vue en raison d’un glaucome survenu dès l’âge de 10 ans. « Je commençais à ressentir une tension dans les yeux. C’est à cause de cette tension qu’on m’a interdit le sport qui, en cas de chute, pourrait aggraver la maladie », confie-telle auprès du média Zinfos 974.

Face à cette maladie dégénérative du nerf optique, Elvina devient non-voyante à l’âge de 15 ans et doit se confronter à sa vie dans le noir. L’heure est donc à l’adaptation et la découverte de ce nouvel environnement. Grâce à l’aie de son chien-guide d’aveugle, elle peut ainsi être autonome dans les lieux publics en extérieur. Pour en obtenir avantage, elle fait le choix de quitter sa terre natale, La Réunion, pour rejoindre Paris et l’Institut national des jeunes aveugles (INJA).

L’athlétisme, comme une évidence pour Elvina Vidot

Depuis son arrivée en France, Elvina Vidot part à la quête d’une activité physique conforme à ses envies et ses ambitions. Après de longues recherches, la sportive porteuse d’un handicap a mis tout en œuvre pour trouver sa discipline de prédilection. « Quand j’ai perdu toute ma vue, je n’avais plus rien à perdre, donc j’ai testé plein de sports différents », révèle Elvina Vidot qui s’est essayé à tout type de sport.

Après l’escalade, le tir à l’arc, et même la natation, la Réunionnaise a finalement choisi la course à pied. Classée dans la catégorie T11, Vidot, alignée sur les épreuves du sprint et du saut, a débuté l’athlétisme en 2012, avec de sacrées performances au sein du d’Avia Club Issy-les-Moulineaux. D’ailleurs, l’athlète a développé de grandes aptitudes en course et en saut. C’est pourquoi elle a jeté son dévolu sur 100 et 200 m et a performé en saut en longueur.

Accompagnée de son guide, Loïc Scouarnec, ce duo a conquis les podiums sur la scène nationale et internationale. Vidot s’est notamment octroyé la médaille d’argent sur le 100 m lors des Championnats d’Europe en 2014 au Pays de Galles avec un temps de 13’79. Elle a aussi signé un record de France sur cette distance. Après s’être mise en valeur sur les pistes d’athlétisme, Désormais, Elvina Vidot consacre la majorité de son temps au showdown.

Elvina Vidot part à la découverte du Showdown

Elvina médaillée d’argent en athlétisme, accompagnée par son guide Loïc Scouarnec (Crédit photo : Facebook d’Athlé Handisport)

Découverte d’une discipline d’opposition et de précision jouée dans le noir. Le showdown est une pratique qui se déroule sur une table rectangulaire aux bords arrondis surélevés d’une dizaine de centimètres. Ayant un masque opaque, deux joueurs s’affrontent avec l’objectif de marquer le plus de buts en tapant une balle sonorisée avec une raquette en bois. Inventé par Joe Lewis, Canadien aveugle et ancien joueur de tennis de table dans les années 60, le showdown a capté l’attention d’Elvina Vidot qui trouve des similitudes avec la course à pied.

« Ce qui me plaît; c’est le côté réflexe puisque ça va hyper vite. Le showdown a un écho avec ma carrière en athlétisme parce que je faisais du sprint. Il y a une ressemblance du fait que tout va vite », précise la Réunionnaise lors d’un entretien accordé à La Fédération Française Handisport.

Crédit photo : Showdown France Handisport
La sportive porteuse d’un handicap jouant au Showdown (Crédit photo : Facebook de Showdown France Handisport)

Elle énonce d’autres qualités primordiales qui lui ont donné envie de faire du showdown en 2015. « Il y a un aspect mental. Les matchs durent longtemps. On peut être facilement mené. Il faut après revenir au score. La dimension technique est importante, comme dans chaque discipline, j’ai dû énormément travailler pour arriver là où j’en suis », explique-t-elle. Pour cause, elle fait partie des meilleures sur la scène mondiale.

Elvina Vidot, figure incontournable du showdown

Éclatante sans les yeux, Elvina Vidot est une figure française importante du showdown. Depuis ses débuts dans la discipline, la compétitrice évolue au club Bien Hêtre Paris dans lequel elle s’est entraînée à forte intensité pour devenir une joueuse conquérante en match. D’ailleurs, elle présente un palmarès impressionnant dans l’Hexagone.

La sportive non-voyante détient sept titres de championne de France d’affilée dont le sacre de l’année dernière. À Limoges, Elvina Vidot affiche sa domination en finale contre Fidane Faure Mayol en trois manches gagnantes. À ce jour, Elvina Vidot est actuellement n°2 mondiale de la discipline derrière l’impératrice finlandaise Hanna Vilmi.

Elvina Vidot sensibilise le grand public au showdown

Pour cause, Elvina Vidot n’a pas réussi à battre son adversaire scandinave en finale lors des Jeux de Pajulahti 2024 en janvier dernier. La Française s’est finalement inclinée en trois sets (11-8, 12-4, 12-4) et doit se contenter de la médaille d’argent. Derrière, elle maintient ses performances au plus haut niveau avec en point d’orgue sa victoire au Slovak Open, début février, grâce à son succès devant la Polonaise Monika Szwalek (3-0 : 11-6, 12-7, 11-9).

Maintenant, elle est là où elle doit être que ce soit dans le sport comme dans sa vie privée. Son succès sportif s’aligne avec ses études. Elvina Vidot s’est dirigée vers une filière en droit. Aujourd’hui, la sportive porteuse d’un handicap travaille comme juriste en droit à la protection sociale. Même si sa discipline n’est pas paralympique, la jeune femme de 30 ans fait de nombreuses démonstrations pour faire connaitre le showdown auprès du grand public.

Sans doute qu’une victoire contre Hanna Vilmi pourrait ainsi donner plus de poids à son poste si une sportive française s’empare de cette couronne mondiale. Ce qui devrait être le dernier défi pour Elvina Vidot et son guide de longue date, Loïc Scouarnec.

Tilotama Ikareth, un saut paralympique prometteur

Portrait. Trouver sa voie par le jeu de jambes. Handicapée depuis sa naissance, Tilotama Ikareth est une jeune femme de 19 ans qui pratique le para-taekwondo. Sélectionnée pour le parcours de la flamme olympique à Paris, elle rêve de participer aux Jeux Paralympiques de Los Angeles en 2028.

À force de courage, Tilotama Ikareth a su construire son chemin toute seule. Bien que son handicap ait bouleversé sa vie dès sa naissance, elle a prouvé qu’elle était capable de faire la plupart des tâches quotidiennes de façon indépendante.. Née avec de sérieux dommages neurologiques impactant ses mouvements corporels, notamment au niveau du bras droit, la jeune femme a su vaincre sa différence face aux autres via le sport.

Arrivée en France il y a seulement trois ans, Tilotama avait grandi en Inde. Dès son plus jeune âge, elle a le ballon rond ans la peau. La ssportive en situation de handicap a débuté le football dans on pays avant ‘intégrer une équipe féminine dans la ville de Coulommiers en Seine-et-Marne. Le début d’une belle histoire d’amour avec ce sport.

Durant les Jeux Nationaux de l’avenir handisport (JNAH) de 2022, l’équipe de l’association A-Bras, dont fait partie Tilotama, a remporté la compétition de Foot à 5. La nouvelle a même été relayée dans des journaux indiens. Sa passion pour le sport l’emmène à faire des études dans l’animation.

Résidant dans un petit village de Bellot (Seine-et-Marne), elle a décidé de s’orienter vers un Bac Pro animation. La Franco-indienne possède de l’expérience dans ce domaine puisqu’elle a animé des démonstrations sportives à travers divers évènements liés au sport inclusif. Grâce à son implication, elle se fait repérer par l’association Impulsion 75.

L’animation apparaît comme une évidence ! Tilotama Ikareth a finalement intégré une formation CPQ afin de devenir animatrice sportive grâce à l’association Impulsion 75. Cet organisme social met en place des formations professionnalisantes aux métiers du sport à destination d’un public jeune, notamment parmi les populations dites fragiles.

Grâce à cette formation, Tilotama a pu développer ses compétences pédagogiques, la capacité à encadrer un groupe et un savoir-faire efficace pour organiser diverses séances sportives. Elle a réussi à se démarquer par sa personnalité forte pour tenir son rôle d’animatrice.

Une personnalité paradoxale ! A première vue, on peut voir une timidité en elle. La jeune femme possède un fort caractère et ne se laisse pas faire, comme elle l’a montré durant son épreuve finale pour obtenir son diplôme. Petite de taille, Tilotama paraissait anxieuse avant son évaluation devant un public jeune et masculin.

Durant cette séance de jeu d’opposition, elle a imposé grandement sa loi en encadrant parfaitement son animation. Elle a su mettre son autorité et son contrôle en avant pour que sa séance se déroule sans la moindre fausse note. Visant le métier d’animatrice.

Depuis plus d’un an, la sportive porteuse d’un handicap s’est engagée dans une nouvelle discipline, le para-taekwondo. Lors d’une visite à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), elle se fait repérer par l’entraîneur de l’équipe de France de para-taekwondo. À l’issue d’une initiation, elle se lance un nouveau défi.

Tilotama a pris goût à cette discipline paralympique et s’entraîne régulièrement au Levallois Sporting Club, malgré la longue distance qui la sépare de son lieu de résidence. Sous l’impulsion de ‘Tonton Hans’, la Bellotière progresse de jour en jour, persévère et améliore son jeu de jambes.

En attendant, la jeune athlète en sitaution de handicap aura l’opportunité de prendre partaux festivités des Jeux de Paris. Tilotama rentrera dans le monde olympique en étant sélectionnée pour encadrer le parcours de la flamme. Elle participera au relais collectif aux côtes de nombreuses personnalités du monde du sport. Sa présence est une récompense par rapport à tous ses efforts pour accomplir son rêve pour 2028. Trop tôt pour être candidate à Paris cette année, car la jeune femme vise les Jeux Paralympiques de Los Angeles. À seulement 19 ans, Tilotama Ikareth à l’avenir devant elle…

Contribution pour la mise en avant du handisport. Avec Impulsion 75, Tilotama contribuera au projet Génération 2024 qui consiste à promouvoir les valeurs de l’olympisme et du paralympisme dans les établissements à travers des jeux d’animation sportive. En tant qu’animatrice en situation de handicap, elle symbolisera l’insertion sociale par le sport et sera un exemple de combativité pour construire l’avenir, en bravant les nombreuses barrières.

Tilotama, une petite âme parasportive qui rêve de grandeur ! La Franco-indienne a réussi à se débrouiller toute seule à l’image de sa maîtrise du français alors qu’elle est une pure anglophone. Néanmoins, elle n’utilise pas les mots pour décrire ses ambitions mais marque les esprits par ses actions réelles et concrètes. Vêtue de son dobok, Tilotama Ikareth souhaite atteindre les sommets par son jeu de jambes.

If you can dream it, you can do it !