Lou Méchiche : « On peut m’aimer avec mon handicap »

Portrait. Quelle fierté pour Lou Méchiche. Le 23 mai dernier, la parasurefeuse a eu le bonheur de porter la flamme olympique dans les rues de Bordeaux. Tout un symbole pour la jeune femme âgée seulement de 18 ans. Perdant la vue durant son enfance à cause d’une tumeur cérébrale, la Girondine a dû faire face à une sorte de discrimination par rapport à sa singularité et qui a mis en doute son amour de soi à l’adolescence. Grâce au soutien de ses proches, elle a réiussi à assumer son handicap via le sport avec des résultats très convaincants. Avec un titre mondial par équipes et une médaille de bronze en individuel, Lou Méchiche rêve d’une meilleure reconnaissance pour le parasurf. Car, pour le moment, cette discipline n’est pas encore considérée comme une épreuve paralympique. Et cela ne risque pas de changer puisque le Comité d’organisation de Los Angeles 2028 a décidé de ne pas intégrer le parasurf au programme de cette paralympiade américaine. Le combat n’est pas prêt de s’arrêter de si tôt pour Lou Méchiche…

« Si on avait dit à la petite fille en chimiothérapie et malvoyante que j’étais, « un jour tu vas porter la flamme olympique », je n’y aurais pas cru », avait-elle indiqué sur le site internet d’Actu£.fr. Un rêve qui est devenu réalité pour Lou Méchiche. Le 23 mai dernier, la surfeuse en situation de handicap a eu l’honneur et le privilège de porter le feu sacré à Bordeaux.

Tout un symbole pour la Girondine âgée de 18 ans ! Car sa vie aurait pu basculer alors qu’elle était tout bébé. À l’âge de deux ans, elle a fait face à une tumeur cérébrale. La conséquence ? Elle a perdu la vue. Derrière, elle va devoir accepter son handicap, se construire avec cette singularité mais surtout en faire une force. Finalement, elle va réussir à trouver son épanouissement lorsqu’elle se met à l’rau avec sa planche de surf.

« Après ma chimiothérapie, les médecins m’ont autorisé à aller à l’eau. Pour moi, c’est un souvenir marquant parce qu’on m’a donné une liberté à pratiquer du sport »,, se remémore Lou Méchiche. Au début, c’est son grand frère qui lui a donné l’envie de prendre une planche afin de se confronter à l’univers aquatique. Mais elle a grandi avec ses idoles. « Dans le monde du surf, j’admire Vahine Fierro, Johannes Defay, Justine Dupont et Kelly Slater qui sont vraiment mes modèles », nous confie-t-elle.

Être malvoyante sur une planche, c’est dur ? Lou Méchiche décrit sa discipline qui possède des ressemblances par rapport à la pratique des valides. Il faut avoir de l’équilibre sur la planche pour prendre parfaitement les vagues. « Quand je surfe, je suis accompagnée par un guide qui me décrit le mouvement des vagues en temps réel. Lors des compétitions, il est interdit d’avoir des contacts physiques durant le passage à l’eau », détaille-t-elle.

Lou Méchiche brille déjà sous le maillot bleu

À peine majeure, Lou Méchiche crève déjà l’écran avec des performances de haut niveau. La jeune parasurfeuse a fait des siennes à l’international sous la tunique de l’équipe de France. La Girondine a remporté l’or par équipes lors des Mondiaux 2023 en Californie (États-Unis).

« C’était une grande fierté pour moi de décrocher ce titre mondial avec l’équipe de Fra,ce. Entendre la Marseille en Californie, avec la médaille d’or autour du cou restera un moment inoubliable. Sur la plus haute marche du podium, on avait à coeur de montrer notre joie de représenter notre pays », raconte-t-elle avec une certaine émotion.

Même si elle a obtenu la consécration sur l’épreuve par équipes, Lou Méchiche a connu des fortunes diverses en individuel. La Française restait sur une cinquième place frustrante en 2022. Elle voulait à tout prix prendre sa revanche dès l’année suivante. « Face à cette déception, je me suis promise d’aller sur le podium. J’étais donc très heureuse d’avoir accompli mon objectif. C’est moment très marquant pour moi », révèle-t-elle. C’est chose faite puisqu’elle décrochera une belle médaille de bronze en Californie.

Faire la différence grâce à sa singularité

Avant de truster les podiums grâce à sa planche de surf, Lou Méchiche a traversé une période difficile à cause du regard des autres. « Mon handicap a été dur à porter durant mes années au collège et au lycée. Ce sont les autres qui ont remarqué ma différence pour dire que je n’étais pas comme eux. Ce n’était pas normal de ne pas être comme tout le monde. J’ai très mal vécu ces moments et je me disais finalement ce qu’on peut m’aimer avec mon handicap », s’en explique-t-elle.

Il lui aura fallu du temps pour surmonter cette épreuve. Pour y parvenir, elle aura pu comptere sur ses proches. Mais une personne sort du lot dans cette période délicate . Bien évidemment, il s’agir de son chien-guide Pita  qui l’accompagne désormais partout. Lou Méchiche est alors armée pour vivre sa vie pleinement.

Lou Méchiche : « Je trouve que l’on se focalise que sur les Jeux Olympiques et pas assez sur les Paralympiques »

Malgré le fait de perdre la vue, rien n’est impossible pour la parasurfeuse. En tant que conférencière, elle veut, à travers son parcours, sensibiliser autour du handicap. « Selon moi, on devrait tous comprendre que c’est une richesse de vivre avec la différence des autres. Je fais beaucoup d’interventions en maternelle et même dans les entreprises en tant que conférencière. Je tente au maximum de parler des différences dans notre société », avance-t-elle.

Même si la jeune femme réalise de nombreuses sensibilisations autour de la différence, elle espère que les mentalités évoluent autour des Jeux Paralympiques en France. « Je trouve que l’on se focalise que sur les Jeux Olympiques et pas assez sur les Paralympiques alors que les deux doivent être sur le même pied d’égalité. On a autant de mérite que les athlètes valides. Quand les gens regardent les Jeux Paralympiques, ils ressentent de la peine. C’est dommage car cela ne devrait pas être le cas », constate-t-elle.

Le seul regret pour Lou Méchiche concerne le regard très empathique sur les sportifs sans avoir une véritable admiration sur leur performance. « A notre arrivée en France, c’est frustrant quand on constate que personne de l’Elysée nous a félicités. On a tout de même représenté la France avec ce titre mondial par équipe. On voulait que la nation soit fière de leurs sportifs tricolores », s’étonne-t-elle.

Si on souhaite mettre en valeur ces sportives au parcours de vie hors du commun, faudrait-il encore développer cette pratique afind’avoir plus de considération pour ce sport. «C’est à nous; athlètes, de développer la discipline avec envie et détermination. Et je rêverai que le parasurf soit vu à la télé au même titre que le football », espère-t-elle. Malheureusement, le rêve ne sera pas pour tout de suite puisque le Comité d’organisation des Jeux de Los Angeles 2028 a décidé que le parasurf ne serait pas au programme de cette paralympiade américaine. Le combat continue pour Lou Méchiche…

Lynda Medjaheri : « L’amputation a été une sorte de renaissance »

Portrait. Victime d’un grave accident de moto, Lynda Medjaheri a vu basculer sa vie en 2014. Amputée de la jambe gauche, c’est d’une deuxième qui commence pour elle. Et le sport aura été salutaire dans sa rééducation. À ce moment-là, la jeune femme, qui fêteraz ses quarante-trois ans à l’automne prochain, a découvert le volley assis. Le début d’une veritable histoire d’amour avec cette discipline. Depuis, elle a franchi les étapes les unes après les autres pour aujourd’hui être en “quipe de France et prétendre à une sélection pour les Jeux Paralympiques de Paris. Même si la Française rêve bien évidemment de médailles en France devant ses proches et ses amis, ce qui serait une première pour les Françaises, l’essentiel est peut-être ailleurs pour Lynda Medjaheri . Très impliquée dans le handicap, elle ne cesse de sensibiliser les jeunes et leurs parents au volley assis, un sport accessible à tous peu importe sa condition, afin de tordre le cou aux préjugés autour de cette pratique sportive. Avec une telle ambassadrice, ce sport à de beaux jours devant lui…

Il y a encore quelques jours, l’équipe de France de volley-assis participait au Women’s Super 6 à Nancy. Un bon moyen de se jauger face aux Etats-Unis, à la Chine, à l’Italie, et au Canada,, considérées comme les meilleures nations mondiales de la discipline. À cette occasion, les Bleues ont terminé sixièmes de ce tournoi remporté par les Américaines. Un résultat encourageant à quelques semaines des Jeux Paralympiques de Paris pour Lynda Medjaheri et ses partenaires de l’équipe de France de volley assis.

Avant de songer à Paris et la possibilité d’aller décrocher une médaille paralympique devant ses proches et ses amis, la jeune femme, qui fêtera ses quarante-trois ans à l’automne prochain, a dû franchir de nombreuses étapes dans sa vie afin de se donner le droit de rêver.

Le début d’une seconde vie pour Lynda Medjaheri

Victime d’un violent accident de moto, sa vie a basculé en 2014. Lynda Medjaheri va devoir se préparer à vivre désormais des moments difficiles. Avant son amputation de sa jambe gauche, elle a dû subir une trentaine d’opérations chirurgicales. .

« Le plus compliqué, c’était d’accepter l’accident et surtout la perte de ma jambe. L’amputation a été une sorte de renaissance », nous confie celle qui a ouvert un groupe Facebook pour femmes amputées afin de discuter, d’échanger des conseils et se donner des conseils sur les problématiques du quotidien. C’est forcément une seconde vie qui débute pour Lynda Medjaheri.

Lynda Medjaheri : « Le volley assis m’a pas forcément aidé à accepter mon handicap »

Lors de son passage en centre de rééducation, Lynda espère Trouver un sport adéquat à ses envies ! la jeune femme va s’essayer au basket-fauteuil et au rugby-fauteuil. Finalement, la sportive en situation de handicap a jeté son dévolu sur le volley assis grâce à une amie proche.

« Quand on m’a proposé de pratiquer le volley assis, je me suis dit : ce n’est pas la peine si c’est en fauteuil roulant. On m’a dit qu’il n’y a pas de fauteuil roulant dans ce sport. Cela m’a plu car le handicap ne se voit pas, même se distingue plus dans le jeu », a-t-elle raconté.  

Une fois les apprioris levés, Lynda a pu constater que cette activité physique avait eu des effets positifs sans sa vie. « Le volley assis m’a pas forcément aidé à accepter mon handicap mais me permet de construire une deuxième vie et de penser autrement sur ma capacité à apprendre et réapprendre sur ce que je suis capable de faire. Le handicap ne n’est pas la joie mais il faut faire avec », a-t-elle reconnu. 

Le volley assis, le sport idéal pour Lynda

Maintenant, il ne lui restait plus qu’à comprendre les codes de ce sport. « Comme je n’ai jamais pratiqué le volley avant, je ne connaissais pas les règles. J’étais novice sur le déplacement dans le jeu et concernant le contact avec le ballon, il fallait que j’apprenne tous les fondamentaux de la discipline. Au départ, c’était difficile d’enregistrer toutes les informations pour jouer », a livré l’internationale française.  

Une fois les règles du jeu assimilées, Lynda s’attendait à pratiquer un sport exigeante où il faut être très en forme physique avec des déplacements en utilisant ses bras, ses jambes et même les fesses. Mais surtout, elle allait devoir se battre contre tous les stéréotypes et les clichés qui gravitent autour du volley assis.

Un sport décrié par le monde du volley

En effet, cette discipline paralympique soulève des interrogations sur le fait que les athlètes en situation de handicap jouent sur le sol. L’aspect dégradant semble déranger certaines personnes.

« Effectivement, j’effectue des coups de balais et de serpillières sur le sol. En plus, je suis une véritable maniaque de la propreté. Le volley assis, une discipline dégradante, pas forcément. C’est vrai qu’on se présente à même le sol. Les gens pensent qu’il y a un aspect humiliant. Après avoir passé ce stade-là, le volley assis se pratique naturellement comme une discipline à part entière », a déclaré la joueuse.

Alors que la pratique est accessible à tous, certains valides sont très refermés pour jouer car ils pourraient se sentir rabaissés ou humiliés d’après une petite anecdote fournie par Lynda Medjaheri. « Une nouvelle joueuse, qui est venue renforcer l’équipe de France, voulait que son mari découvre le volley assis. Cependant, il ne voulait pas se mettre dans une position de personne en situation de handicap ». 

Lynda Medjaheri : « Les parents ne l’ont pas forcément appris, l’école doit être un moyen pour changer les mentalités vis-à-vis du handicap dans le sport »

Pour combattre ces préjugés autour du volley assis, comme sport accessible à tous peu importe sa condition, Lynda Medjaheri effectue beaucoup d’interventions pour faire découvrir son sport de prédilection. Elle adore participer à ses nombreuses initiatives pour monter qu’on peut s’épanouir dans le sport face au handicap. « Je trouve joyeux de pratiquer le volley assis de manière inclusive. Aller montrer mon sport dans des centres de rééducation, c’est un pur bonheur. Cette dimension qui s’oriente au volley santé car on y trouve des gens âgés qui ne peuvent pas se déplacer. De savoir qu’ils peuvent transpirer juste en levant les bras. Faire découvrir ma discipline, c’est primordial », a affirmé l’internationale française dans son rôle éducatif auprès du public.  

Mais comme elle le sait, tout commence à l’école. « Les parents ne l’ont pas forcément appris, l’école doit être un moyen pour changer les mentalités vis-à-vis du handicap dans le sport. On a la mission d’éduquer les enfants actuels. Ces derniers seront des adultes qui apprendront à leur propre enfant d’avoir une bonne approche concernant le handicap. Tomber dans le handicap peut intervenir à n’importe qui et à tout âge ». a-t-elle souligné. Il y a certaines familles qui tournent le dos à un proche qui a subi un accident de vie. D’apprendre qu’on est capable d’accomplir des choses incroyables en étant en situation de handicap, je pense qu’il a une sorte de fierté. C’est à partir de ce moment-là que le sentiment d’être un fardeau pour les autres, se dissipera au fur et à mesure ». Désormais, elle peut se concentrer sur l’objectif de toute une vie pour une sportive de haut niveau : performer aux Jeux Paralympiques de Paris.

Paris 2024 en ligne de mire

Lynda se prépare à cet événement de grande envergure avec la France. Elle fait en sorte de ne pas se mettre la pression. « Je vis un jour après l’autre en préparant quelque chose d’important. Je me conditionne physiquement et mentalement. Souvent, je fais semblant de ne pas y croire aux Jeux afin de ne pas me mettre une énorme pression sur mes épaules. Honnêtement, si je ne suis pas sélectionnée, je ne me mets pas dans le camp des déçues. En cas de non-participation aux Jeux, ça ne m’empêchera pas de continuer le volley assis », a-t-elle avoué.

être aux Jeux de Paris, la sportive en situation de handicap aura à cpeur de montrer un beau visage durant ce tournoi paralympique avec ses partenaires de l’équipe de France de volley assis. « On a tout donné lors des Paralympiades, c’est clair, a affirmé l’internationale française. Néanmoins, il faut avoir la lucidité de notre retard sur les autres nations qui ont plus de 10 ans de pratique dans la discipline. D’ailleurs, elles sont pour certaines professionnelles alors que nous, on ne gagne pas d’argent avec notre sport. Face à nos cinq ans d’expérience, on se débrouille comme on peut pour progresser à notre échelle », a-t-elle constaté. ‘PLa sportive en situation de handicap et ses coéquipières espèrent montrer un beau visage pour ce tournoi paralympique. « On a tout donné lors des Paralympiades, c’est clair, a affirmé l’internationale française. Néanmoins, il faut avoir la lucidité de notre retard sur les autres nations qui ont plus de 10 ans de pratique dans la discipline. D’ailleurs, elles sont pour certaines professionnelles alors que nous, on ne gagne pas d’argent avec notre sport. Face à nos cinq ans d’expérience, on se débrouille comme on peut pour progresser à notre échelle », a-t-elle constaté.

Une progression qui pourrait se concrétiser par une médaille paralympique, cet été à Paris. Ce qui serait magnifique pour le volley assis français, vingt ans après l’apparition de cette épreuve féminine aux Jeux Paralympiques d’Athènes en Grèce. Lynda Medjaheri et les Bleues pourraient être ainsi à jamais les premières…

Nélia Barbosa, une kayakiste au cœur d’or

Portrait. Il y a encore trois ans, personne ne connaissait Nélia Barbosa ! Arrivée en France à l’âge de huit ans, la jeune femme de 25 ans, amputée de la jambe droite à cause de sa neurofibromatose, pratique le para-canoë-kayak depuis ses douze ans. Le début d’une vraie histoire d’amour avec ce sport qui l’emmènera jusqu’aux Jeux Paralympiques. En 2021 à Tokyo, Nélia Barbosa a tutoyé les sommets en décrochant l’argent, juste derrière la Britannique Laura Suger. Une adversaire qu’elle n’arrive toujours pas à battre. Preuve en est puisque lors des mondiaux 2024 organisés en Hongrie au début du mois de mai, la sportive en situation de handicap a décroché la médaille de bronze sur l’épreuve du 200m dans la catégorie KL3, juste derrière les Anglaises Laura Suger et Hope Gordon. Cet été, à Paris, celle qui milite pour une meilleure reconnaissance du parasport en France espère décrocher l’or paralympique devant son public afin de porter un message de paix, de liberté et d’émancipation pour toutes les personnes qui se battent avec un handicap qu’il soit visible ou ibnvisible. Le rendez-vous est donc pris…

Naviguer sur les eaux ? Nélia Barbosa en rêvait depuis toujours. Née à Lisbonne (Portugal), elle a quitté son pays natal très tôt. Arrivée en France à l’âge de huit ans, Nélia avait une certaine attirance pour le canoë-kayak depuis son enfance. Résidant à Champigny-sur-Marne, elle a éveillé sa passion pour cette discipline lors des grandes vacances à ses 12 ans. 

Durant une colonie en Corse, elle s’est essayée à de nombreuses pratiques sportives. La sportive en situation de handicap a jeté son dévolu sur le canoë-kayak. Le début d’une vraie histoire d’amour avec ce sport ! . 

Tombée rapidement amoureuse de cette pratique nautique, Nélia Barbosa a intégré le club de Champigny-sur-Marne pour développer ses qualités avec les pagaies et devenir une grande athlète. « J’aime aussi le rapport à la nature et à l’extérieur. Pour moi, le kayak est devenu presque vital, j’ai eu besoin d’être en extérieur, d’être sur l’eau », a expliqué Nélia Barbosa auprès de France Info. 

Amputée de la jambe droite, la sportive de 25 ans pratique le canoë-kayak depuis ses 12 ans (Crédit Photo : Instragam de Nélia Barbosa)

Faisant face à un mal qui ronge l’un de ses membres depuis ses 15 mois, Nélia Barbosa a vu sa vie prendre une tournure dramatique à cause de la neurofibromatose au niveau de la cheville droite. Cette maladie génétique grave se distingue avec l’apparition de tumeurs ou encore d’excroissance au niveau des tissus nerveux.

Malheureusement, la neurofibromatose a mis en péril sa jambe très infectée. Les médecins ont été contraints d’amputer pour sauver la vie de Nélia. C’est à ce moment-là qu’elle a eu conscience de l’importance du canoë-kayak. « Le kayak ça a été une thérapie pour moi… L’annonce de l’amputation a été une période très dure. La première chose que j’ai faite après l’annonce du chirurgien, c’est d’aller au kayak. J’avais besoin d’extérioriser », s’est-elle remémorée auprès de Radio France

Nélia Barbosa a décroché la médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de Tokyo sur l’épreuve du 200 m dans la catégorie KL3 (Crédit photo : Instagram de Nélia Barbosa)

Et quoi de mieux que le canoë-kayak pour y parvenir. Grâce à des aptitudes physiques importantes, Nélia Barbosa possède un sens de l’équilibre assez incroyable pour propulser le kayak. Évoluant en KL3, l’une des six classes dévolue au para-canoë-kayak, la Francilienne, qui porte une prothèse pour la pratique paralympique, s’est forgé une véritable notoriété sur la scène mondiale.  

Peu à peu, elle a réussi à se faire un nom dans cette discipline apparue dans le monde paralympique seulement depuis 2017. La sportive en situation de handicap de 25 ans a obtenu des bons résultats aux championnats du monde et en Coupe du monde sur le 200 m, sa distance de prédilection. Mais son rêve est de s’approprier l’or paralympique. Elle a empoché l’argent durant la dernière Paralympiade disputée à Tokyo en 2021, seulement battue par la Britannique LauraSugar.

« Pour aller chercher l’Anglaise, il faut que je sois en-dessous de 46 secondes sur toutes les courses », analysait-elle au micro de RMC Sport lors des Mondiaux 2023 en Allemagne. La compétitrice française, établissant un temps de 47 secondes 15 sur le 200 m KL3 à Szeged, travaille énormément dans le but de gagner ce sacre paralympique sur les eaux françaises.

« Aujourd’hui, la très haute performance c’est une médaille d’or. Je n’arrive plus à me satisfaire d’une deuxième place. Si je veux évoluer, il faut monter la marche au-dessus et cette marche c’est l’or », a-t-elle révélé sur le site de la Fédération française de canoë-kayak.

Licenciée au club de Champigny-sur-Marne, la kayakiste travaille intensément pour être championne paralympique (Crédit Photo : Instagram de Nélia Barbosa)

Même si Nélia Barbosa a tracé sa eoute jusqu’à Paris, elle se bat pour une meilleure reconnaissance du parasport en France. En effet, la sportive en situation de handicap de Champigny-sur-Marne est ambassadrice de notamment la région du Val-de-Marme.

Hormis ses entraînements intensifs, elle intervient dans les manifestations sportives pour parler davantage du monde du handicap. D’ailleurs, elle partage son expérience de vie accouplée avec sa carrière d’athlète de haut niveau auprès d’un public néophyte.

La kayakiste veut surtout s’adresser aux personnes qui ont vécu le même drame ou eu un accident de vie. « À ceux et celles qui auraient traversé la même épreuve que moi, je leur dirais de ne pas se mettre de barrières. La plus grande barrière, c’est souvent nous-mêmes : on se dit : “Moi, avec mon handicap, je ne peux pas faire ci ou ça…”. Mais c’est dans la tête », a déclaré Nélia Barbosa au média A Block. Maintenant, il ne lui reste plus qu’à aller chercher l’or aux Jeux Paralympiques de Paris pour continuer à faire bouger les mentalités autour du handicap en France.

Sandrine Martinet, en route pour un dernier ippon victorieux à Paris 

Portrait. Atteinte d’un handicap visuel, Sandrine Martinet a vécu des moments difficiles à l’école. Différente des autres, la quarantenaire s’est bâtie grâce au sport dans l’optique d’effacer la colère et l’injustice qu’elle avait en elle. Cette mère de famille a réussi à se construire l’un des plus beau palmarès du para-judo français. Pour récompenser cette magnifique carrière auréolée de multiples titres nationaux et internationaux, la Française aura eu le bonheur d’être porte-drapeau de la délégation tricolore aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021, lieu où elle a décroché la médaille d’argent dans sa catégorie des moins de 48kg. Cet été, à Paris, la licenciée du PSG Judo rêve de monter sur le toit de l’Olympe devant ses enfants, ses amis et ses fans…

Sandrine Martinet n’avait pas envie de raccrocher le kimono sur une fausse note. Consacrée à Rio en 2016, la sportive en situation de handicap, âgée de 41 ans, n’a pas réussi à conserver son titre paralympiques à Tokyo malgré le fait d’avoir été porte-drapeau de la deélégation tricolore au Japon en 2021 !

La judokate française a alors décidé de repartir au combat. Actuellement en pleine préparation pour les Jeux de Paris, la Française espère monter en puissance sur les différentes compétitions internationales afin de se jauger face à la concurrence à quelques mois des Jeux Paralympiques de Paris.

Même si Sandrine Martinet performe aujourd’hui sur les tatamis du monde entier, elle a réussi ç tracer son chemin dans l’univers du judo. La sportive en situation de handicap de 41 ans a vu le jour à Montreuil en Seine-Saint-Denis. Elle a pris goût au judo à l’âge de neuf ans par l’influence de ses frères qui pratiquaient cette discipline.

« Mes frères faisaient du judo au lycée. Cet art martial m’a plu. Dès mon arrivée dans mon premier club, je me suis sentie comme un enfant en kimono qui faisait du sport comme les autres », a expliqué celle qui souffre de l’achromatopsie, depuis son enfance sur le site internet de TF1 Info.

Une enfance difficile

Sandrine Martinet combat avec une achromatopsie provoquant une diminution de la distinction des couleurs et une faible acuité visuelle à cause de l’absence de cônes ou de l’altération de leur fonctionnement. Elle appartient donc à la classe J2. .

Tout au long de son parcours, elle a dû se confronter aux moqueries des autres enfants à cause de sa différence ! D’ailleurs, la sportive en situation de handicap a raconté ses moments traumatisants. « J’ai eu droit à “la taupe” et comme je faisais 1m10 les bras levés, j’entendais aussi “la naine”, a-t-elle livré au micro de France Télévisions. J’avais très souvent les yeux fermés avec des lunettes de soleil en classe et le style de l’époque était assez dur à porter ».

Sandrine Martinet peut dire merci au judo (Crédit Photo : Groupe BPC)

À cause de cette méchante, Sandrine Martinet a ressenti de la colère et de la haine du fait que les autres n’arrivent pas accepter son handicap. « Je trouvais tellement injuste d’avoir mon handicap, d’avoir à faire tous ces efforts et d’être moquée en retour », a-t-elle ressenti dans un entretien publié sur TF1 Info. C’est pourquoi la femme de 41 ans s’est orientée dans le sport pour trouver sa place. Dans le judo, Martinet trouve les valeurs morales et de respect afin de canaliser sa grande énergie.

« J’avais besoin de me battre pour prouver que j’avais ma place. Le sport m’a permis d’exprimer ma colère et mon sentiment d’injustice, a-t-elle rappelé. Plus jeune dans ce, j’emmagasinais beaucoup de manque de confiance en moi. Le sport m’a obligé à me sortir de ma zone de confort, à me confronter à des difficultés et à apprendre ».   

Être un exemple pour les autres

La judokate a parcouru du chemin depuis ses premiers combats. En 20 ans de carrière, elle aura réussi à se construire l’un des plus beaux palmarès du para-judo français, Maisavec notamment quatre médailles paralympiques, dont un sacre à Rio en 2016, et trois breloques mondiales. Sans oublier sa couronne européenne obtenue en 2007. À cela, il faut ajouter de multiples titres de championne de France.

Mais le plus fort réside dans le fait qu’elle a réussi à concilier entre sa vie professionnelle et privée. Kinésithérapeute, Sandrine a dû s’organiser pour gérer au mieux sa vie de famille et ses compétitions internationales. La sportive en situation de handicap s’est organisée a prouvé que rien n’était impossible dans une vie lorsque l’on le souhaitait vraiment…

« C’est possible d’être mère et sportive de haut niveau, a partagé Sandrine Martinet sur TF1 Info. Être une femme complète, réaliser mes envies, mes rêves, ça fait de moi quelqu’un d’épanoui même si ce n’est pas simple tous les jours »

La fierté de ses enfants

Et la consécration est arrivée en 2021 pour Sandrine Martinet. Aux Jeux Paralympiques de Tokyo, la judokate tricolore a eu l’honneur et le privilège d’être désignée porte-drapeau de la délégation française au Japon. Une récompoense à sa juste valeur. Après cette paralympiade, la quadragénaire a pensé un temps à la retraite avant de se raviser pour une raison familiale. Elle a d’ailleurs voulu montrer à sa fille pourquoi elle a décidé de continuer l’aventure dans le judo pour les Jeux de Paris.

« Ma fille n’avait que deux ans en 2016. On ne l’avait pas amenée à Rio, contrairement à son frère qui en avait six. Elle n’a pas non plus connu Tokyo. Mais j’ai très envie qu’elle puisse être là, à Paris, et qu’elle voit les côtés positifs de tout ça , a-t-elle avancé auprès de l’Équipe.

Finir sa carrière en beauté à Paris

Cet été, à Paris, Sandrine Martinet veut prouver à sa fille qu’elle n’a pas fait tous sacrifices pour rien. Elle n’a qu’un seul objectif en tête : être championne paralympique à la maison !

« On met de nouvelles choses en place à chaque fois avec l’idée de s’améliorer. Il est certain que le fait que les Jeux aient lieu à la maison, au-delà de l’engouement populaire, simplifie certaines choses. Après, cela reste une préparation pour les Jeux, avec tous les aléas potentiels. La concurrence est plus forte aussi. Mais c’est vrai que cela se présente bien », a témoigné la sportive en situation de handicap en quête de l’or. Et quoi de plus beau que de terminer sa carrière sur le toit de l’Olympe devant ses enfants, ses amis et tous ses fans…

Clémence Delavoipière, la mousquetaire en fauteuil  

Portrait. Amputée à l’âge d’un an en raison d’une malformation au niveau de la jambe droite, Clémence Delavoipière ne partait pas de la meilleure des manières dans la vie. La jeune femme de 24 ans a réussi à accepter et à surmonter ce lourd fardeau grâce à la musique et au sport. Véritable virtuose avec son violoncelle, elle excelle également dans sa pratique sportive. Après avoir renoncé à l’athlétisme lorsqu’elle est arrivée à Paris, la jeune femme en situation de handicap n’a pas eu besoin de plusieurs années pour se distinguer en escrime fauteuil. Habituée aux podiums nationaux t internationaux, Clémence Delavoipière rêve de briller aux Jeux Paralympiques organisés à la maison. Maintenant, elle sait ce qui lui reste à réaliser pour aller chercher sa sélection pour Paris 2024.

Au début de ce mois de de mars, Clémence Delaboipière, qui collectionnait les médailles sur la scène nationale et internationale. espérait tout rafler aux Championnats d’Europe d’escrime fauteuil disputés à la  halle Georges Carpentier situé dans le 13e arrondissement de Paris. À domicile, la sportive en situation de handicap a dû se contenter seulement de l’argent. Elle a partagé cette médaille continentale avec la France sur l’épreuve de l’épée par équipes aux cotés de Cécile Demaude, Sophie Sablon et Brianna Vidé. Malgré cette déception européenne, tout reste encore possible pour Clémence Delavoipière dans la course à la qualification pour les Paralympiques de Paris.

Née le 5 janvier 2000 à Boissey-le-Châtel dans le département de l’Eure, Clémence Delavoipière voit sa vie basculer à l’âge d’un an. La jeune femme doit subir une amputation après la détection d’une malformation au niveau de la jambe droite. « J’ai grandi avec les prothèses. Le handicap fait partie de moi », a-t-elle résumé sur Actu.fr.

Grâce à une grande force de caractère, ellea su s’adapter à son quotidien face à l’absence d’un membre important. Finalement, elle arrive néanmoins à s’assumer et à surmonter ce lourd fardeau grâce au sport. ,

Amputée à l’âge d’un an de la jambe droite, Clémence Delavoiîère va apprendre à vivre avec ce lourd fardeau(Crédit Photo : ©Frederic Lopez)

Violoncelliste à sportive en situation de handicap, il n’y qu’un pas.

Clémence s’est permis de faire des activités qui la passionnent. D’ailleurs, la sportive en situation de handicap possède une passion pour la musique. Depuis son enfant, elle réussit à exceller d’un instrument comportant un poids très imposant : le violoncelle. La jeune femme libère des sons graves avec un bois de l’archet frottant quatre cordes accordées en quintes. Admirative des partitions musicales, Clémence Delavoipière tombe amoureuse du sport. 

Violoncelliste à sportive en situation de handicap, il n’y qu’un pas. La jeune femme de 24 ans trouve un moyen de se démarquer grâce au sport. D’ailleurs, elle a testé toute sorte de disciplines. Clémence semble avoir tout pratiqué selon ses dires. « J’ai fait de la gym, de l’escalade et du roller… », a énuméré Clémence.

Durant l’adolescence, Clémence Delavoipière court par passion. Tombée sous le charme de l’athlétisme, elle intègre le club handisport de Petit-Couronne en Seine-Maritime. Portant une lame pour remplacer son membre absent, elle met tout en oeuvre pour pratiquer cette discipline.

En arrivant à Paris pour ses études, Clémence doit renoncer à la course à ^pied

Cependant, Clémence doit très vite renoncer à la course après son arrivée à Paris dans le cadre de ses études. Elle n’a pas pu trouver un club handisport pour continuer dans l’athlétisme. « Dans le club, j’étais la seule amputée. Ce n’était pas terrible. C’est parfois compliqué de trouver un bon club handisport », regrette-t-elle.

Pour ne pas arranger les choses, Clémence rencontre des difficultés au sein d’un environnement sportif qui n’est pas conforme à ses envies et à son handicap. Elle doit donc se mettre à une autre discipline qui la fait vibrer au plus profond d’elle-même. En 2019, elle s’essaye dans le monde des mousquetaires !

Clémence Delaboipière se distingue déjà en escrime fauteuil

Après avoir renoncé à l’athlétisme, Clémence Delaboipière trouve son bonheur dans le monde de l’escrime fauteuil (Crédit Photo : D-Echelard / Fédération Française Handisport)

Elle trouve son chemin dans l’escrime fauteuil au Levallois Sporting Club situé dans les Hauts-de-Seine. Elle a acquis les bases de la discipline paralympique auprès de son entraîneur Jean-Yves Huet. Passant de novice à prodige en l’espace de très peu de temps, Delavoipière affiche des résultats très impressionnants. 

Clémence se distingue ainsi à l’épée et au fleuret dans la catégorie A. Elle fait partie de cette classe appartenant aux athlètes ayant un handicap au membre inférieur. La jeune sportive porteuse d’un handicap a fait valoir son talent dans l’aire de jeu.

Clémence marque se forge déjà un solide palmarès

Sacrée championne du monde à seulement 22 ans, la sportive en situation de handicap signe une première victoire lors des mondiaux U23. Clémence Delavoipière décroche la médaille d’or à Sao Paulo (Brésil) en épée, après son succès contre la Turque Elke Lale Van Achterberg.

Durant cette compétition, lle s’adjuge deux autres médailles, dont une fleuret et une autre en sabre. Performante, Clémence a aussi marqué les esprits en senior, avec des titres lors des nationaux à Orange. L’escrismeuse porteuse d’un handicap acquiert beaucoup d’expérience en prenant part au circuit mondial.  Tout faire pour décrocher sa sélection pour les Jeux Paralympiques de Paris

Grâce à ses excellents résultats, Clémence Delaboipière fait la fierté du département de l’Eure. Pour un montant de trois millions d’euros, la ville Bourneville-Sainte-Croix a décidé de construire un gymnase qui portera son nom. « Je suis vraiment heureuse qu’un gymnase porte mon nom. Je ne n’y attendais vraiment pas », se réjouit-elle.  

Depuis 2022, elle a tout mis en œuvre pour être présente aux Jeux Paralympiques. « Il faut aller chercher la sélection. Cela se fait sur 2 ans en 14 épreuves. À la fin de ses compétitions, on aura un classement pour les Jeux de Paris », résume la sportive en situation de handicap au micro de France Bleu.

Pour mettre toutes les chances de son côté, elle a décidé faire une pause dans ses études en Bachelor audiovisuel. « On a beaucoup discuté avec le staff de l’équipe de France par rapport au projet professionnel. On s’est dit que comme les études audiovisuelles sont techniques demandant une assiduité constante en cours, le plus simple était de les mettre en parenthèse pour cette année pour sa place aux Paralympiques », annonce-t-elle. Un choix qui pourrait s’avérer payant si Clémence Delavoipière se pare d’or à Paris…

Pas de Jeux à Paris pour Elvina Vidot

Portrait. Alors que certaines sont en pleine préparation pour les Jeux de Paris et que d’autres rêvent aux prochaines paralympiades, Elvina Vidot doit ranger son frein. La raison ? Le showdown, la discipline qu’elle pratique n’est pas n’est pas encore considéré comme une épreuve paralympique. Un crève-coeur pour la jeune femme de 30 ans. Pas une fin en soi car elle en a déjà vu d’autres. Atteinte d’un glaucome, une maladie dégénérative du nerf optique, dès l’âge de 10 ans, Elvina Vidot a basculé quelques années plus tard dans l’obscurité la plus totale. Le moment idéal pour décider de quitter sa terre natale, La Réunion, pour rejoindre l’Institut national des jeunes aveugles (INJA) à Paris. Une fois arrivée en France, elle pourra pratiquer une activité physique en adéquation avec son handicap tout en poursuivant ses études en droit. Après s’être essayé à l’escalade, au tir à l’arc et à la natation, Elvina va finalement briller sur les pistes d’athlétisme. Aujourd’hui, elle a bifurqué de sport mais s’impose déjà comme l’une des meilleures joueuses mondiales en showdown. Désormais, il ne reste plus qu’à intégrer cette discipline au programme des Jeux Paralympiques afin qu’Elvina Vidot puisse enfin vivre son rêve de toucher du bout des oigts cette médaille d’or…


Le combat de toute une vie pour Elvina Vidot(Crédit photo : Facebook d’Elvina Vidot))

Voir, un verbe devenu progressivement obsolète ! Née à la Réunion , le 15 novembre 1993, avec une vision totalement fonctionnelle, Elvina Vidot perd peu à peu la vue en raison d’un glaucome survenu dès l’âge de 10 ans. « Je commençais à ressentir une tension dans les yeux. C’est à cause de cette tension qu’on m’a interdit le sport qui, en cas de chute, pourrait aggraver la maladie », confie-telle auprès du média Zinfos 974.

Face à cette maladie dégénérative du nerf optique, Elvina devient non-voyante à l’âge de 15 ans et doit se confronter à sa vie dans le noir. L’heure est donc à l’adaptation et la découverte de ce nouvel environnement. Grâce à l’aie de son chien-guide d’aveugle, elle peut ainsi être autonome dans les lieux publics en extérieur. Pour en obtenir avantage, elle fait le choix de quitter sa terre natale, La Réunion, pour rejoindre Paris et l’Institut national des jeunes aveugles (INJA).

L’athlétisme, comme une évidence pour Elvina Vidot

Depuis son arrivée en France, Elvina Vidot part à la quête d’une activité physique conforme à ses envies et ses ambitions. Après de longues recherches, la sportive porteuse d’un handicap a mis tout en œuvre pour trouver sa discipline de prédilection. « Quand j’ai perdu toute ma vue, je n’avais plus rien à perdre, donc j’ai testé plein de sports différents », révèle Elvina Vidot qui s’est essayé à tout type de sport.

Après l’escalade, le tir à l’arc, et même la natation, la Réunionnaise a finalement choisi la course à pied. Classée dans la catégorie T11, Vidot, alignée sur les épreuves du sprint et du saut, a débuté l’athlétisme en 2012, avec de sacrées performances au sein du d’Avia Club Issy-les-Moulineaux. D’ailleurs, l’athlète a développé de grandes aptitudes en course et en saut. C’est pourquoi elle a jeté son dévolu sur 100 et 200 m et a performé en saut en longueur.

Accompagnée de son guide, Loïc Scouarnec, ce duo a conquis les podiums sur la scène nationale et internationale. Vidot s’est notamment octroyé la médaille d’argent sur le 100 m lors des Championnats d’Europe en 2014 au Pays de Galles avec un temps de 13’79. Elle a aussi signé un record de France sur cette distance. Après s’être mise en valeur sur les pistes d’athlétisme, Désormais, Elvina Vidot consacre la majorité de son temps au showdown.

Elvina Vidot part à la découverte du Showdown

Elvina médaillée d’argent en athlétisme, accompagnée par son guide Loïc Scouarnec (Crédit photo : Facebook d’Athlé Handisport)

Découverte d’une discipline d’opposition et de précision jouée dans le noir. Le showdown est une pratique qui se déroule sur une table rectangulaire aux bords arrondis surélevés d’une dizaine de centimètres. Ayant un masque opaque, deux joueurs s’affrontent avec l’objectif de marquer le plus de buts en tapant une balle sonorisée avec une raquette en bois. Inventé par Joe Lewis, Canadien aveugle et ancien joueur de tennis de table dans les années 60, le showdown a capté l’attention d’Elvina Vidot qui trouve des similitudes avec la course à pied.

« Ce qui me plaît; c’est le côté réflexe puisque ça va hyper vite. Le showdown a un écho avec ma carrière en athlétisme parce que je faisais du sprint. Il y a une ressemblance du fait que tout va vite », précise la Réunionnaise lors d’un entretien accordé à La Fédération Française Handisport.

Crédit photo : Showdown France Handisport
La sportive porteuse d’un handicap jouant au Showdown (Crédit photo : Facebook de Showdown France Handisport)

Elle énonce d’autres qualités primordiales qui lui ont donné envie de faire du showdown en 2015. « Il y a un aspect mental. Les matchs durent longtemps. On peut être facilement mené. Il faut après revenir au score. La dimension technique est importante, comme dans chaque discipline, j’ai dû énormément travailler pour arriver là où j’en suis », explique-t-elle. Pour cause, elle fait partie des meilleures sur la scène mondiale.

Elvina Vidot, figure incontournable du showdown

Éclatante sans les yeux, Elvina Vidot est une figure française importante du showdown. Depuis ses débuts dans la discipline, la compétitrice évolue au club Bien Hêtre Paris dans lequel elle s’est entraînée à forte intensité pour devenir une joueuse conquérante en match. D’ailleurs, elle présente un palmarès impressionnant dans l’Hexagone.

La sportive non-voyante détient sept titres de championne de France d’affilée dont le sacre de l’année dernière. À Limoges, Elvina Vidot affiche sa domination en finale contre Fidane Faure Mayol en trois manches gagnantes. À ce jour, Elvina Vidot est actuellement n°2 mondiale de la discipline derrière l’impératrice finlandaise Hanna Vilmi.

Elvina Vidot sensibilise le grand public au showdown

Pour cause, Elvina Vidot n’a pas réussi à battre son adversaire scandinave en finale lors des Jeux de Pajulahti 2024 en janvier dernier. La Française s’est finalement inclinée en trois sets (11-8, 12-4, 12-4) et doit se contenter de la médaille d’argent. Derrière, elle maintient ses performances au plus haut niveau avec en point d’orgue sa victoire au Slovak Open, début février, grâce à son succès devant la Polonaise Monika Szwalek (3-0 : 11-6, 12-7, 11-9).

Maintenant, elle est là où elle doit être que ce soit dans le sport comme dans sa vie privée. Son succès sportif s’aligne avec ses études. Elvina Vidot s’est dirigée vers une filière en droit. Aujourd’hui, la sportive porteuse d’un handicap travaille comme juriste en droit à la protection sociale. Même si sa discipline n’est pas paralympique, la jeune femme de 30 ans fait de nombreuses démonstrations pour faire connaitre le showdown auprès du grand public.

Sans doute qu’une victoire contre Hanna Vilmi pourrait ainsi donner plus de poids à son poste si une sportive française s’empare de cette couronne mondiale. Ce qui devrait être le dernier défi pour Elvina Vidot et son guide de longue date, Loïc Scouarnec.